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Sébastien Castellion

 

[ Note préliminaire : les références sont données entre crochet dans le texte.
Le premier chiffre renvoie au numéro affecté au titre dans la bibliographie en fin du texte]

Quand je dis à de non protestants que je suis pasteur, fréquemment ils me demandent : « êtes-vous luthérien ou calviniste ? ». À cette question, je réponds toujours que je suis réformé et non calviniste. Le courant réformé commence en Suisse alémanique dans les années 1519 avec Zwingli ; si Calvin, à partir de 1536, y joue un rôle très important, il n'est pas le seul qui y ait du poids et de l'influence : son contemporain, le zurichois Bullinger, peu connu des francophones, en a autant, sinon plus. Certaines des thèses de Calvin ont toujours rencontré chez des réformés de fortes résistances, allant parfois jusqu’au rejet, ainsi celle de la double prédestination. Les réformés, certes, reconnaissent et admirent Calvin ; ils le citent, se réfèrent à lui, et fêtent avec un éclat que le Réformateur n’aurait certainement pas approuvé, les centenaires de sa naissance ou de sa mort ; mais, en même temps, ils l'ont toujours discuté, critiqué, contesté. C'est pourquoi qualifier de « calvinistes » les réformés représente l'une de ces simplifications abusives dont fourmillent les manuels d'histoire.

Sébastien Castellion occupe une place éminente, peut-être la première, parmi les adversaires réformés de Calvin. Dans un premier temps, je retracerai rapidement les grandes lignes de sa vie. Ensuite, je m’arrêterai sur ses traductions de la Bible dont nous constaterons que l’intérêt déborde largement le cadre de la translation d’une langue à une autre. Enfin, je parlerai de son plaidoyer pour la liberté de conscience. Je serai assez schématique et laisserai de côté d’autres aspects de son œuvre, tels que sa pédagogie, son épistémologie et sa théologie.

 

Qui est Castellion ?

D’abord, qui est Castellion ? Avant tout un humaniste, au sens qu’a ce mot au seizième siècle où il désigne un lettré érudit, bon connaisseur des langues et littératures de l’Antiquité grecque, latine et hébraïque. À partir des manuscrits existants, Castellion établit le texte et publie des éditions savantes de quantité de classiques grecs : Xénophon, Hérodote, Homère. Il traduit en français des œuvres marquantes, ainsi l’Iliade, l’Odyssée et, également, j’y reviendrai, la Bible. Il édite et traduit aussi des écrits qui témoignent de la mystique et de la piété du Moyen Age comme l’Imitation du Christ et la Théologie germanique. Ses travaux valent à Castellion l’estime de ses pairs, mais lui rapportent très peu d’argent ; toute sa vie, il connaîtra une grande pauvreté.

Castellion et Calvin se rencontrent et font connaissance en 1540. Calvin, âgé de 31 ans, est alors pasteur de la paroisse francophone de Strasbourg ; il occupe une grande maison et pour augmenter un traitement assez chiche, il loue des chambres. Castellion, encore étudiant ou venant tout juste de terminer ses études (il a 25 ans), cherche un logement. Il s’adresse à Calvin dont la maison est pleine, mais qui le dépanne pendant quelques jours. Castellion s’installe ensuite ailleurs, il continue cependant à fréquenter la maison du Réformateur et noue des liens amicaux avec les pensionnaires qui y habitaient. Il en soigne certains avec dévouement et courage au cours d'une épidémie de peste qui atteint la ville et Calvin l'en remercie beaucoup.

En septembre 1541, Calvin retourne à Genève d'où il était parti en 1538 à la suite de conflits avec les conseils de la ville. Parmi les tâches qui lui incombent, il y a celle d'organiser l'enseignement. Il cherche un directeur pour le collège de la ville ; après plusieurs démarches infructueuses, il accepte Castellion dont il a constaté à Strasbourg qu'il était pieux, travailleur et savant, mais il aurait souhaité quelqu’un de plus connu et de plus confirmé que ce tout jeune homme. Castellion sait qu’on l’appelle sans grande conviction et que dès qu’on trouvera mieux, on le remplacera ; néanmoins, il prend ce poste. Il se met à la tâche et introduit des innovations qui visent à rendre l’enseignement agréable et vivant : ainsi il fait jouer à ses élèves de petites saynètes adaptées à leur âge, qui transposent en vers latins des récits bibliques. Il apparaît ici comme un pédagogue plutôt en pointe à son époque ; on utilisera ses recueils de dialogues jusqu’à la fin du dix-huitième siècle (il y en a eu plus de 130 rééditions dont la dernière, parue en Hongrie, date de 1792).

Avant tout un humaniste, au sens qu’a ce mot au 16ème siècle où il désigne un lettré érudit, fin connaisseur des langues et littératures de l’Antiquité grecque, latine et hébraïque, Castellion publie des éditions savantes de quantité de classiques grecs : Xénophon, Hérodote, Diodore de Sicile, Homère. Il traduit en français l’Iliade, l’Odyssée et, également, des écrits du Moyen Age tels que l’Imitation du Christ et la Theologia Deutsch. Ses travaux valent à Castellion l’estime de ses pairs, mais lui procurent peu d’argent ; toute sa vie, il se débattra avec la pauvreté.

En même temps qu’il enseigne, Castellion préside des cultes et prêche régulièrement, chaque dimanche, dans un village proche de Genève, Vandœuvres. Ses rapports avec Calvin commencent alors à se détériorer. Fort d’une compétence d’humaniste que n’ont pas les autres prédicateurs et d’une connaissance de l’hébreu et du grec supérieure, aux dires de Richard Simon, à celle de Calvin, Castellion discute certaines des explications et interprétations du Réformateur. Par exemple, il voit dans le Cantique des Cantiques un poème d’amour profane et il conteste l’interprétation symbolique traditionnelle qu’en défend Calvin pour qui les deux amants du poème seraient Dieu et l'âme croyante, ou le Christ et l'Église. Si Castellion, très prude, est choqué du caractère érotique, parfois pornographique, du Cantique, il estime qu’on n’a pas le droit de le masquer par des manipulations allégoriques. D’autre part, Castellion propose des versions de textes bibliques que Calvin désapprouve et dont il empêche la publication. Il se développe entre eux ce que l’historien genevois Christian Grosse appelle une « rivalité d’intellectuels ».

En 1544, Castellion demande à devenir pasteur à Genève. Il aime prêcher ; il sait que son maintien au collège n’est pas assuré ; il s’est marié, vient d’avoir un enfant et aspire à une situation plus stable. Le conseil de la ville donne son accord. Mais, sous l’influence de Calvin qui supporte mal qu’on lui résiste et n’apprécie guère l’indépendance d’esprit, la compagnie des pasteurs refuse d’agréger en son sein Castellion à cause, dit-elle, de ses opinions particulières, tout en reconnaissant qu’elles n’ont pas grande importance, qu’elles portent sur des points secondaires. Dépité, Castellion donne sa démission de régent du collège. Il quitte Genève en 1545 et s’installe à Bâle, la ville des grands éditeurs humanistes. Il y gagne difficilement sa vie comme correcteur d'imprimerie. En 1553, il devient professeur de grec à l'Université, ce qui lui assure un modeste revenu. Tout en poursuivant ses travaux érudits, il proteste énergiquement contre l’exécution de Michel Servet. Du coup, le « froid » qui lors des années genevoises s’est installé entre lui et Calvin se transforme en une hostilité frontale. Une polémique (à laquelle se mêle activement Théodore de Bèze) extrêmement dure les oppose. Castellion meurt à Bâle, âgé de 48 ans, le 29 décembre 1563, cinq mois avant Calvin.

 

2. Les traductions de la Bible

Castellion a élaboré deux traductions de la Bible, établies à partir des manuscrits hébreux et grecs ; la première en latin, destinée à des lettrés, est publiée en 1551, la seconde, à l’intention des « idiots » (terme qui désigne ceux qui ne sont pas instruits [21, p. 82-84]), en français paraît en 1555 et a été rééditée en 2005 ; elle ne l’avait jamais été depuis 1555. La version française ne décalque pas simplement la latine. Entre les deux, Castellion a repris et retravaillé les textes dans leur langue d’origine ; il a revu et remanié sa compréhension de plusieurs passages. Il a considéré ses deux traductions comme la grande affaire de sa vie [21, p.37-38].

La Bible latine

À sa parution et jusqu’au 18ème siècle, sa version latine de la Bible a suscité beaucoup d’intérêt et soulevé de nombreux débats en raison de ses choix de traduction [10, p. 109-138]. Castellion y rompt délibérément avec la Vulgate et il s’assigne deux objectifs.

D’abord, il veut une version écrite dans un latin classique et élégant, qui ne soit pas truffé d’hébraïsmes. Il s’inspire du style de Tite-Live, de Salluste ou de Cicéron selon la nature des livres bibliques ; d’après les spécialistes c’est une réussite. Quand il traduit le Cantique des cantiques, il va chercher du côté de Catulle et d’Ovide. Pour le nom propre, imprononçable selon la tradition juive, qui désigne le Dieu d’Israël et le distingue des autres dieux, à savoir le tétragramme YHWH (que nos versions rendent soit par « Seigneur », soit par « Éternel »), Castellion propose une transcription audacieuse et contestable : Jova, qui garde les consonnes de l’hébreu tout en ayant une forme latine et qui évoque évidemment Jupiter (au génitif Jovis) [10, p. 195]. Certains ont reproché à cette latinisation d’opérer un rapprochement excessif, peut-être sacrilège, entre les divinités gréco-romaines et le Dieu des Hébreux. D’autres y ont vu une transposition heureuse et l’anticipation de ce principe que traduire vise à faire entrer un texte dans la « langue cible » et non faire entrer le lecteur dans la « langue source ».

Castellion me semble poursuivre un second objectif (qui concerne tout autant sa Bible française) : une grande exactitude dans l’emploi des mots. Il s’interroge sur la signification originelle des termes qu’on trouve dans le Nouveau Testament, antérieurement à leur utilisation par le christianisme postérieur. Prenons le mot grec « ecclésia » qui a donné église. Dans le monde grec, il désigne une réunion tout à fait profane, celle de gens qui se groupent non pas pour rendre un culte ou pour former une confrérie religieuse, mais pour écouter une conférence, assister à une représentation théâtrale et surtout pour discuter des affaires de la cité. De même, le grec « baptisma » qui a donné « baptême » ne veut initialement rien dire de plus que se plonger dans de l’eau, prendre un bain ou faire sa toilette [5, p. 108-109]. Les chrétiens se sont emparés de ces mots et les ont sacralisés. Ils en ont éliminé l’usage profane et, allant contre le chois du Nouveau Testament d’utiliser un vocabulaire ordinaire, ils les ont réservés à des réalités ou des cérémonies religieuses. Leur sens premier a été oublié. Castellion essaie de le restituer en traduisant « ecclésia » par respublica et baptême par lotio (le fait de se laver). Dans la même ligne, la Bible française dit « souper » avec Jésus et non « prendre la Cène avec lui ». Bien évidemment, cette profanisation, ou cette désacralisation, n’est pas simplement une affaire de vocabulaire ; elle a probablement une visée profonde (mais il n’est pas exclu qu’ici, je surinterprète). Le Nouveau Testament, tel que le comprend Castellion, met en place non pas une religion du mystère, du surnaturel et du rituel, mais une religion de l’habituel, du banal, du quotidien. Il ne s’agit pas pour le croyant de dire des paroles et de faire des gestes sacrés, mais d’avoir un comportement éthique dans les affaires du monde. Dieu se manifeste et on doit le servir non pas dans des cérémonies spéciales, en marge et loin du quotidien, mais dans l’ordinaire, dans la vie de tous les jours. Ce qui évoque l’affirmation de Luther que les occupations de la femme de ménage et du valet de ferme ne sont pas moins saintes que celles du prêtre ou du moine, et que leur travail est un ministère aussi sacré que celui du pasteur ou de l’évêque.

La Bible française

À la différence de la latine, la Bible française de Castellion n’a eu aucun succès. Les protestants lui ont préféré celle d’Olivétan, un cousin de Calvin, éditée en 1535, qui est estimable, mais dont la rédaction est lourde et rugueuse. Celle de Castellion, après quelques vives critiques, tombe dans l’oubli le plus total.

Ce rejet massif vient de ce que cette traduction s’inscrit résolument à contre-courant. Au 16ème siècle, tout le monde voit dans la Bible un livre royal, impérial, seigneurial qui reflète la grandeur et la majesté de Dieu. Les protestants estiment que seule est digne d’elle une traduction en style noble. Aucune autre langue ne lui convient que celle de la cour, celle que parlent le roi, les juristes, les universitaires et les classes supérieures de la société. Le latin commence à reculer dans ces milieux, et le français y apparaît de plus en plus comme langue de gouvernement et de culture [21, p. 101-102]. Pour Castellion, au contraire, la Bible est un livre populaire, qui s’exprime à la manière des petites gens. Aussi, la traduit-il dans « un langage commun et simple »[5, p.108]. Il utilise la langue courante, banale, vulgaire, celle des artisans et des paysans, pas celle des gens de lettre et des aristocrates. Par exemple, quand il rencontre le « en vérité en vérité, je vous le dis » qui introduit certaines paroles de Jésus, il le rend par : « je vous l'assure ». Au lieu de « évitez les vaines redites », il écrit : « ne jasez pas trop ». Il se sert d’un vocabulaire familier, parfois rural et argotique, souvent savoureux qu’il préfère à des expressions guindées et solennelles. Les contemporains de Castellion en ont été choqués. Ils le blâment d’utiliser des « termes bas et rampants » (c’est en ces termes que Bayle rapporte ces critiques) et de faire parler Dieu comme tout le monde et non dans sur un mode sublime [10, p. 131, 179]. Comme le lui reproche l’éditeur Henri Estienne, le fils de Robert : « au lieu de chercher les plus graves mots et manières de parler, il s'est étudié à parler le jargon des gueux ». Calvin l’accuse d’exposer la Bible « en risée », accusation que Bayle devait contester [6, p. 4 ; 7, p. 267 ; 21, p. 51].

Cette traduction n’est cependant pas relâchée ou débraillée. Elle allie une très grande fidélité au texte original à beaucoup de fluidité (elle ne donne pas au lecteur l’impression de maladresse de beaucoup de traductions). Elle est à la fois plus savante et plus populaire que celle adoptée et modifiée par Calvin, plus savante par une érudition historique et des connaissances linguistiques supérieures, ainsi que par une meilleure précision et rigueur de la syntaxe ; plus populaire par une expression vive, pittoresque et claire. Castellion l’a souhaité « entendible »[5, p. 95, 108], par quoi il a voulu peut-être dire pas seulement intelligible, mais aussi destinée à être écoutée. On a quelques raisons de soupçonner qu’à une époque où peu de gens savent lire, il a cherché à en faciliter une lecture publique à haute voix au culte ou en famille [21, p. 89-93]. Une inventivité parfois foisonnante de vocabulaire (Castellion n’hésite pas à forger des mots et des expressions) s’y accompagne d’une très grande rigueur grammaticale, en particulier, ce qui est rare à son époque, d’une ponctuation cohérente. Elle ne manque ni d’allure ni de style. J’en donne deux exemples : d’abord la toute première phrase de la Bible, au début du récit de la création : « Premièrement, Dieu créa le ciel et la terre. Et comme la terre était néante et lourde, et ténèbres par dessus l’abîme et que l’Esprit de Dieu se balançait par dessus les eaux, Dieu dit : Lumière soit. Et Lumière fut. ». Second exemple : la célèbre exclamation de l’Ecclésiaste : « vanité des vanités, tout est vanité ». Castellion la rend ainsi : « Tout ne vaut rien, dit le prêcheur, tout ne vaut rien, rien du tout ». On n’a pas une réflexion désabusée d’un aimable sceptique, mais le cri tragique de quelqu’un qui se débat avec le non-sens de sa vie et de son monde.

Plusieurs thèses récentes de doctorat ont souligné la valeur de cette traduction. Selon l’historien catholique de Fribourg (Suisse), Guy Bédouelle, en l’écartant « par préjugé confessionnel … et surtout linguistique », on est passé à côté de ce qui aurait pu être en français une version de référence analogue à la Bible de Luther en allemand ou à la King James’ en anglais [13, p. 55, avis analogues dans 5, p. 46 et dans 6, p. 6].

Les difficultés de la Bible

Au 16ème siècle, la plupart des protestants insistent sur la clarté de la Bible. Calvin admet bien l’obscurité de quelques passages. Il est cependant convaincu que le travail des spécialistes (commentateurs, grammairiens, historiens) la dissipe entièrement. Selon lui, il n’y a finalement aucune incertitude quant à leur sens. La Bible donne un enseignement limpide, harmonieux et cohérent pour qui se donne la peine de l’étudier sérieusement.

Castellion, au contraire, dans la ligne d’Erasme, souligne les problèmes que posent de nombreux textes [1, ch. 22]. Certains sont parfaitement clairs, en particulier ceux qui traitent de l’essentiel, à savoir de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. D’autres, par contre, sont confus et ambigus. Les meilleurs spécialistes des langues anciennes n’arrivent pas à déterminer ce qu’ils veulent exactement dire. Dans bien des cas, on hésite entre plusieurs hypothèses sans avoir les moyens de trancher. Castellion reconnaît ne pas comprendre certains passages ; il l’indique dans les notes marginales de sa traduction [21, p. 61]. Théodore de Bèze l’accuse de « renverse(r) l’autorité des Écritures comme obscures et imparfaites » (20, p. 125). Calvin lui reproche d’entretenir un questionnement incessant, une interrogation perpétuelle dans l’étude des textes et de favoriser ainsi le scepticisme. À quoi Castellion répond : si la Bible est tellement limpide, pourquoi Calvin écrit-il autant de volumes pour l’expliquer ?

À l’affirmation protestante que seule la Bible fait autorité en matière de foi, le catholicisme a répondu qu’en raisons de ses obscurités, il fallait une instance ecclésiale, (évêque, concile ou pape) habilitée à en déterminer le sens et à décider de sa juste interprétation. Castellion s’accorde avec les catholiques sur la difficulté de la Bible, sans en tirer pas la même conclusion qu’eux. Certains passages poussent à affirmer la trinité, d’autres incitent à la nier. On y trouve des arguments pour et contre telle compréhension de la Cène [1, p. 88], pour ou contre le baptême des bébés. Qui tranchera ces débats et pourquoi les trancher ? La pureté de la vie, le service des autres, l'amour du prochain sont parfaitement clairs et sont des impératifs absolus [8, p. 105-106]. Pour le reste que chacun se forge une opinion, aussi fondée et réfléchie que possible, et qu’il accepte d’autres n’aient pas le même avis. Qu’on en discute, certes, mais qu’on ne se batte ni ne s’excommunie pour ces divergences. On peut essayer de discuter et de convaincre, on n’a pas le droit de contraindre ou de sanctionner.

Castellion préconise un certain relativisme doctrinal et la pratique de l’examen critique. Aux dogmatismes intransigeants de son époque, il reproche de tomber dans la « témérité de l’affirmation ». Quand on pose de certitudes absolues, on oublie la condition de l’homme et sa finitude [1, p. 105-106]. Loin d’être condamnable ou abominable, le doute relève, selon lui, de la prudence, de la sagesse et de l’humilité chrétiennes. Il n’est pas l’adversaire, mais l’allié de la foi ; il l’empêche de dégénérer en un intégrisme qui ne veut pas reconnaître ses ignorances.

Comme l’écrit Jacques Roubaud, « à la différence de Calvin, Castellion ne parle pas au nom de Dieu mais au nom de ce qu’il comprend de l’enseignement de l’évangile » [5, p. 67].

 

La liberté de conscience

Ces derniers propos conduisent naturellement à ma troisième partie qui va porter sur l’engagement de Castellion en faveur de la liberté de conscience.

L’affaire Michel Servet

La grande querelle qui l’oppose à Calvin à propos de l’exécution de Michel Servet inaugure son combat contre la violence en matière de religion. Michel Servet, un médecin espagnol, a publié en 1531 à Haguenau en Alsace, un livre intitulé De Trinitatis erroribus. Ce livre est-il aussi antitrinitaire qu’on le dit généralement ? En le lisant, j’ai eu le sentiment qu’il proposait plutôt une variante de la doctrine trinitaire, différente de la version admise en ce qu’il ne comprend pas de la même manière la notion de personne. C’est ce qu’écrit Castellion [4, p. 310] « Servet … croyait au Père, au Fils et au Saint Esprit, c’est-à-dire à la Trinité, mais il l’interprétait autrement qu’eux ». Dans Sept livres sur les erreurs de la Trinité (Champion, 2008, p. 376-377), Servet écrit : « Je concède une personne du Père, une personne du Fils, une personne de l’Esprit Saint ; et je reconnais le Père, le Fils et l’Esprit saint en une déité unique. Voilà ce qu’est la véritable trinité, mais je préférerais ne pas utiliser ce mot étranger aux Saintes Écritures … ». On n’a pas l’impression d’un véritable antitrinitaire. À vrai dire, ce livre est confus, obscur, souvent contradictoire, et on a de la peine à discerner ce que Servet pense exactement.

Quoi qu’il en soit, ce livre soulève une réprobation générale, plus, semble-t-il, en raison de son titre que de son contenu. Pour ne pas être arrêté et condamné, Servet doit se cacher. Dans les années 1550, sous un nom d'emprunt, il exerce la médecine à Vienne, dans la vallée du Rhône. En secret, il y rédige un ouvrage intitulé Christianismi Restitutio, par quoi il faut entendre le retour au christianisme originel, celui de Jésus et des disciples, antérieur aux formulations trinitaires et christologiques des grands conciles des quatrième et cinquième siècles.

En 1553, Servet fait imprimer clandestinement son livre et en envoie un exemplaire à Calvin, en lui demandant « son opinion fraternelle ». Un proche collaborateur de Calvin communique ce texte depuis Genève à l'un de ses cousins catholiques habitant Lyon, qui le remet à l'inquisition (avec des lettres qui permettent de localiser et d'identifier Servet). Cette dénonciation s'est elle faite sur les instructions, avec l'accord, avec la complicité passive du Réformateur ? On n'en sait rien, mais ce n’est en tout cas pas à son insu, et cet épisode alimente un soupçon qui pèse sur la mémoire de Calvin. L'inquisition fait arrêter Servet, qui parvient à s'échapper. Il cherche un refuge ; dans sa fuite, il passe par Genève, où il se rend au culte. Il y est reconnu, arrêté et passe ainsi, en quelques semaines, des geôles catholiques aux protestantes. Il est rapidement jugé, condamné ; on le brûle vif, le 27 octobre 1553. La sentence contre Servet a été prise par le Conseil de Genève et non par Calvin. Mais Calvin a servi d’accusateur et d’expert théologique au procès. En février 1554, il publie un livre intitulé Déclaration pour maintenir la vraie foi, qui légitime la mise à mort des hérétiques, quand leur hérésie est grave ; les condamner et les faire exécuter est, selon lui, un devoir pour les autorités politiques et judiciaires.

La réaction de Castellion

Castellion s’indigne et intervient. « Je ne suis qu’horreur du sang » écrit-il [4, p.53]. Il publie un recueil de textes d’auteurs chrétiens depuis l’Antiquité jusqu’au 16ème siècle (dont Calvin lui-même) qui réprouvent des exécutions pour cause d'hérésie. Castellion, sous le pseudonyme de Basile Montfort, vise peut-être Calvin lorsqu’il parle des opposants qui accèdent au gouvernement: « quand ils étaient au commencement … sans aucune puissance, ils avaient les persécuteurs en détestation ; mais maintenant étant devenus forts, ils ensuivent les persécuteurs » [8, p. 132].

Lorsque la Déclaration de Calvin sort de presses, Castellion rédige une réponse qui a pour titre Contre le libelle de Calvin. La censure n'en autorise pas l’impression et elle ne paraîtra qu'en 1612 aux Pays-Bas, mais des copies manuscrites circulent sous le manteau dès 1555. À Calvin qui affirme que la bonne doctrine doit être défendue, Castellion réplique par une phrase devenue fameuse : « Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme ». Il ajoute : « Servet a combattu avec des arguments et des écrits : il fallait le combattre par des arguments et des écrits » [4, p. 161]. Calvin prétend obéir au Christ et se battre pour son honneur. Castellion l'apostrophe : « Nous diras-tu, à la fin, si c'est le Christ qui t'a enseigné à brûler des hommes ? ».

Castellion n’approuve nullement les idées de Servet ; il n’essaie pas de démontrer qu’elles ne sont pas aussi fausses et aberrantes que Calvin le prétend [14,2, p. 419]. Ce qu’il met en cause, c’est la légitimité de condamner quelqu’un pour ses opinions religieuses, c’est le droit d’exécuter l’hérétique et le déviant uniquement parce qu’il professe et exprime une doctrine jugée, à tort ou à raison, erronée (chacun tient pour hérésie, écrit-il, la religion de l’autre). Qu’on punisse un crime, soit ; mais l’erreur n’est pas un crime ; elle appelle une réfutation, non un châtiment. Cette argumentation a eu de l’écho dans l’opinion protestante de l’époque qui désapprouvait massivement l’antitrinitarisme, mais que l’exécution de Servet mettait mal à l’aise [cf. 4, p. 54, 71].

Les guerres de religion

Dans les années 1560, les guerres de religion se développent en France (la conjuration d’Amboise est de 1560, le massacre de Vassy de mars 1562). En octobre 1562, un an avant sa mort, Castellion publie un livre Conseil à la France désolée aussi sévère pour les protestants que pour les catholiques. Il reproche aux uns et aux autres de lever des troupes, de prendre les armes, de persécuter et de pratiquer, selon son expression, le « forcement de conscience » [2, p. 19, 20] en oubliant que l’évangile enseigne l'amour et le respect des autres. Castellion préconise de laisser « les deux religions libres » « de permettre en France deux Églises », de donner la possibilité à tous de « servir Dieu selon la foi non d’autrui mais selon la leur » [2, p.52, 53, 76].

On présente souvent Castellion comme l’apôtre de la tolérance. En fait, il n’emploie jamais ce mot qui a un sens négatif jusqu'au 18ème siècle. Il constate qu’il y a des divergences religieuses et que l’être humain n’a pas la capacité de dire qui a raison et qui a tort. Il faut donc non pas seulement les tolérer, mais les admettre. Le jugement appartient à Dieu seul et il interviendra à la fin des temps où se fera le tri entre le bon grain et l’ivraie [4, p.194-199]. Le Conseil à la France désolée plaide pour un pluralisme religieux, qui n’est pas une concession provisoire exigée par la situation politique du moment, mais qui plus fondamentalement correspond à ce qu’est la condition humaine sur cette terre.

Une tolérance limitée

Castellion ne préconise cependant pas une totale liberté d’opinion. S'il demande que les chrétiens ne condamnent ni les juifs ni les musulmans, et réciproquement, par contre, dans quelques textes rares et brefs, il envisage la possibilité de sanctions contre les impies à condition qu’on n’aille pas « jusques à les faire mourir » [8, p. 8]. Les impies ce sont les blasphémateurs et les athées, pas les hérétiques qui sont pieux, ont un comportement chrétien, mais se trompent dans le domaine de la doctrine.

Quelles sanctions envisageait Castellion ? Les bannir, les exiler ? S’en détourner et s’en éloigner ? Les emprisonner, voire les exécuter ? Le manuscrit souvent obscur De l’impunité des hérétiques semble indiquer que Castellion n’est pas contre l’excommunication des hérétiques mais il l’écrit dans un contexte où il discute du sens du mot « hérésie » : mauvaise conduite éthique ou mauvaise doctrine ? [3, p. 228, 230]. De même, quand il parle d’athéisme, s’agit-il du refus des règles élémentaires de la morale (à l’époque on qualifie facilement les vauriens d’athées même s’ils croient en Dieu) ou d’une négation conceptuelle de Dieu? Ce n’est pas clair, mais Castellion distingue bien le délit d’opinion dont il refuse qu’on le punisse, du délit dans l’action et le comportement qu’il estime devoir être sanctionné ; et il range l’athéisme plutôt dans la deuxième catégorie.

On a remarqué que Castellion n’était pas intervenu en faveur de Jacques Gruet, exécuté en 1541 [20, p. 121-122] ; mais le cas de Gruet relève probablement plus de la sédition politique, voire de la police des mœurs que de la religion [23, p.577-584]. De plus l’affaire date d’un moment où Castellion se débat avec des grosses difficultés (il vient d’arriver à Bâle, où il n’a ni travail ni beaucoup de relations, où il a beaucoup de peine à gagner sa vie et à nourrir ses enfants) et où ses problèmes matériels l’absorbent complètement. Mais il est aussi possible que Gruet étant accusé, à tort ou à raison, d’athéisme, son exécution ne le scandalise pas. Castellion n’entend pas prendre la défense des athées [4, p.239, p. 277].

Quoi qu’il en soit, même s’il est très en avance sur son temps, Castellion n’en appartient pas moins à une époque pour qui la croyance en Dieu n’est pas tant affaire de conviction personnelle ou de foi que d’ordre public et de droit naturel ; elle relève de « la loy de la nature » [1, p. 88 ; 3, p. 166, 369 ; 8, p. 39-40 ; cf. 21, p. 34-35]. La largeur dont il fait preuve est immense et impressionnante dans son contexte ; pour le nôtre, elle reste encore trop étroite.

Le consensus dans l’intolérance et les exceptions

En août 1563, après le consistoire de Genève, après les autorités catholiques, le Synode National des Églises Réformées réuni à Lyon condamne le livre de Castellion. Selon une expression de Christian Grosse, il y s’établit à cette époque entre catholiques et protestants un « consensus dans l’intolérance », avec cependant quelques exceptions dont celle du chancelier Michel de l’Hospital est la plus notable. Dans une Harangue du 3 janvier 1562, il propose un moratoire avec suspension des conflits confessionnels, coexistence pacifique entre catholiques et protestants jusqu’à ce qu’un concile (un concile national, il est « gallican ») tranche leur différent. Le chancelier n’a probablement jamais entendu parler de Castellion et on ignore si Castellion a eu connaissance de son discours. Par contre, Castellion connaît et cite le livre du juriste Etienne Pasquier, Exhortation aux princes et Seigneurs du conseil privé du Roi [2, p. 53], publié en 1561, qui va dans le même sens et que mentionne aussi Michel de l’Hospital. Si leurs conclusions sont voisines, l’argumentation de Pasquier est plutôt d’ordre juridico-politique, alors que chez Castellion dominent des motifs proprement théologiques. Ni l’un ni l’autre n’a été écouté. Il faut citer deux autres exceptions à la même époque : le catholique hollandais Coornhert qui publie, en 1566, un manifeste contre l’exécution des hérétiques (il cite Castellion) et le pasteur Ferencz Davidis qui fait prendre en 1568 au souverain de Transsylvanie un édit de tolérance. Ces hommes ont en commun de vouloir combattre la violence religieuse à partir et au nom de la religion, en montrant que ces violences ne naissent pas d’une grande foi, d’une consécration et d’une obéissance absolues à Dieu, mais d’une énorme infidélité à Dieu et à des enseignements. Il est probablement plus efficace de lutter de l’intérieur contre les aberrations religieuses que de le faire de l’extérieur de la religion.

 

L’héritage de Castellion

De son vivant, Castellion jouit d'une petite notoriété, en tant qu'humaniste et pédagogue (Montaigne, par exemple, le mentionne). Aux 17ème et 18ème siècles, il arrive qu’on le cite parmi les adversaires de Calvin ; les polémiques catholique et voltairienne contre le Réformateur l’utilisent parfois à ce titre. Bayle lui consacre une notice, assez mitigée, dans son Dictionnaire [Cf. 10, p. 57-75]. Toutefois, si on le nomme çà et là, on ne le connaît pas vraiment. Seule exception, les Resmontrants hollandais, des protestants réformés non calvinistes, se réclament de Castellion et conservent précieusement ses manuscrits.

En 1892, Ferdinand Buisson tire Castellion de ce semi oubli en lui consacrant une remarquable thèse de doctorat à la méthode et à l’érudition très sûres : elle fait encore autorité aujourd’hui et on l’a rééditée en 2010. Cette thèse attire l’attention à cause de sa valeur, et aussi en raison de la personnalité de son auteur. Collaborateur de Jules Ferry, Buisson participe à la création de l'enseignement primaire laïc, qu'il dirige avec beaucoup de compétence et de rayonnement avant de se lancer dans une carrière politique. Il préside la commission qui rédige la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Il reçoit le prix Nobel de la Paix en 1927 pour ses appels à la réconciliation entre les nations européennes au lendemain de la première guerre mondiale. L’œuvre de Castellion a pour lui un triple mérite : elle préfigure la pédagogie moderne, elle annonce et prépare le protestantisme libéral, auquel Buisson se rattache, et elle proclame la liberté de conscience.

Vingt-deux ans après la grande étude de Buisson, en 1914, un pasteur français libéral au service de l'Église wallonne des Pays-Bas, Étienne Giran qui pour résistance au nazisme devait mourir en 1944 à Buchenwald, publie un livre qui distingue deux réformes : à la réforme calviniste dogmatique, autoritaire, intransigeante et bornée, il oppose la réforme ouverte, généreuse, libérale et intelligente dont Castellion est la figure de proue. D’un côté, il y a, écrit Giran, ceux qui se croient prophètes (« je ne me dis pas prophète, écrit Castellion [5, p. 107, 108]), qui s’imaginent posséder la Parole de Dieu et connaître la vérité ; ils condamnent, persécutent et exécutent quand ils le peuvent leurs adversaires. De l’autre côté, nous avons d’humbles lecteurs de la Bible, des chercheurs de vérité, qui ont conscience d’être faillibles ; ils écoutent les autres, en tiennent compte et accueillent ce qu’ils ont à leur apporter.

En 1936, alors qu’il fuit le nazisme, Stefan Zweig publie un livre très bien écrit, mais bourré d’erreurs historiques, intitulé Castellion contre Calvin ou conscience contre violence. Quand il décrit la Genève de Calvin, Zweig parle en fait des régimes hitlérien et stalinien (il l’écrit expressément à Romain Rolland qu’il voudrait détourner du communisme [10, p. 20-28]) ce qui fausse son regard sur le passé. Son livre reste cependant un émouvant témoin de la résistance intellectuelle au nazisme, et s’il n’aide à comprendre ni Castellion ni Calvin, il a le mérite d’élargir le débat aux grandes idéologies, au delà du domaine du religieux au sens strict.

Buisson, avec beaucoup de rigueur, Giran avec une véhémence parfois injuste, mettent bien le doigt sur la dualité de toute religion. Elles sont toutes tiraillées, voire écartelées entre deux courants : l’un qui préconise une croyance étroite, rigide et sectaire, et l’autre qui plaide pour une spiritualité large, souple et humaniste. Cette tension se trouve aussi dans les idéologies laïques et elle traverse chacun de nous. Nous avons de la peine à conjuguer de fortes convictions et une grande tolérance. Nous ne savons pas bien allier notre attachement aux valeurs qui nous constituent avec l’écoute de leur contestation. Nous arrivons mal à combiner la défense de notre identité avec l’accueil de l’altérité. Castellion ne donne pas de recettes pour y parvenir, mais il nous dit – et c’est essentiel - que jamais les désaccords d’idées ne justifient des violences physiques ou mentales, qu’ils ne légitiment pas des injures et des coups, et qu’on ne doit en aucun cas sacrifier le respect dû à autrui aux certitudes que nous jugeons fondamentales ou sacrées. Il me parait être l’héritier des prophètes juifs quand ils dénoncent l’arbitraire et l’abus de pouvoir des prêtres et rois d’Israël, et il préfigure ces intellectuels, qui émergent au moment de l’Affaire Dreyfus, convaincus que leur culture et leur savoir leur font obligation de protester contre l’injustice et de défendre l’être humain. Tuer un homme, ce n’est pas défendre une cause, c’est tuer un homme. Ce message reste et restera perpétuellement actuel et pertinent.

André Gounelle

 

Bibliographie en français :

Ouvrages de Castellion :

(1) De l'art de douter et de croire, d'ignorer et de savoir, Jeheber, 1953, réédition La Cause, 1996.

(2) Conseil à la France désolée (1562), Genève, Droz, 1967.

(3) De l'impunité des hérétiques, Droz 1971.

(4) Contre le libelle de Calvin après la mort de Michel Servet (1554), Genève, Éditions Zoé, 1998.

(5) La Bible, nouvellement translatée par Sébastien Castellion (1555), Bayard, 2005.

(6) La Genèse (1555) éditée, introduite et annotée par Jacques Chaurand, Nicole Gueunier, Carine Skupien Dekens, avec la collaboration de Max Engammare, Droz, 2003.

(7) Les livres de Salomon (1555) édités, introduits et annotés par Nicole Gueunier et Max Engammare, Droz, 2008.

(8) Traité des Hérétiques (1554), Éditions Ampelos, 2009

Études sur Castellion :

(9) Castellioniana. Quatre études sur Sébastien Castellion et l'idée de la tolérance. Brill, 1951

(10) Sébastien Castellion : des Écritures à l’écriture, Garnier, 2013, études réunies par Marie-Christine GOMEZ-GÉRAUD, Garnier, 2013.

(11) BARILIER Étienne, « Spinoza, lecteur de Castellion », in Revue de Théologie et de Philosophie, 2000, n° 132, p. 151-162.

(12) BECKER Bruno (ed.) Autour de Michel Servet et de Sébastien Castellion, H.D.Tjeenk Wilink & Zoon, Haarlem, 1953 (22898)

(13) BEDOUELLE Guy, « Castellion et sa bible en français courant », Cahiers Évangile Supplément, décembre 2008, 146.

(14) BUISSON Ferdinand, Sébastien Castellion. Sa vie et son œuvre (1892), Genève Droz, 2010.

(15) DELORMEAU Charles, Sébastien Castellion, apôtre de la tolérance et de la liberté de conscience, Neuchâtel, Messeillier, 1964.

(16) GIRAN Étienne, Sébastien Castellion et la Réforme calviniste. Les deux Réformes, Boissevain et Hachette, 1914.

(17) GUGGISBERG Hans R., « Haïr ou instruire les hérétiques ? La notion d’hérétique chez Sébastien Castellion et sa situation dans l’exil bâlois », in La liberté de conscience (XVI-XVIIème siècle, Genève, Librairie Droz, 1991.

(18) MARGOLIN Jean-Claude, « L’idée de tolérance et ses limites d’après Sébastien Castellion », in Paix des armes, paix des âmes, Imprimerie Nationale Éditions, 2000.

(19) ROUBAUD Jacques, « Traduire pour les idiots : Sébastien Castellion et la Bible », Revue de Sciences Religieuses, 2001/3 ; repris dans La Bible, nouvellement translatée par Sébastien Castellion (1555), Bayard, 2005.

(20) SCHMID Vincent, Michel Servet. Du bûcher à la liberté de conscience, Les éditions de Paris Max Chaleil, 2008.

(21) SKUPEN DEKENS Carine, Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555 . Genève, Droz, 2009.

(22) ZWEIG Stefan, Conscience contre violence ou Castellion contre Calvin (1936), Le Castor Astral, 2004.

(23) BERRIOT François, « Un procès d’athéisme à Genève : L’affaire Gruet (1547-1550) », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, 1979/4.

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André Gounelle

Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier

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