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Fides qua creditur
Fides quae creditur

 

Classiquement, on distingue la foi en tant qu'attitude (fides qua creditur) de la croyance (fides quae creditur).

  • Fides qua creditur désigne la présence active de Dieu en moi, présence qui me saisit, me travaille, me transforme, me met en communion avec Dieu. Elle vient de Dieu, c’est lui qui la suscite, mais elle englobe ma réponse à Dieu. Elle estune relation existentielle que l'on entretient avec la divinité, faite de confiance, d'espérance et d'adoration.
  • Fides quae creditur, se rapporte àce que je crois, aux croyances et doctrines par lesquelles je tente de comprendre, d’expliquer et de formuler mon lien existentiel avec Dieu. C’est ce que Troeltch appelle "le monde conceptuel de la religion" ou son "élément cognitif".

Le catholicisme classique et aussi le langage courant privilégient la fides quae jusqu'à établir une identité presque complète entre foi et croyance; le protestantisme, de son côté, met fortement l’accent sur la fides qua .

Ainsi, pour reprendre un exemple classique que l’on trouve dans la première édition de l'Institution chrétienne de Calvin, il faut distinguer “croire en Dieu” et “croire que Dieu existe”. Croire que Dieu existe correspond à la fides quae. Il s'agit d'une opinion; on estime qu’il existe quelque part un être supérieur que l’on nomme Dieu. Croire en Dieu veut dire vivre en fonction de Dieu et relève de la fides qua. La fides quae peut exister sans la fides qua. Ainsi un Voltaire pensait que Dieu existe (on ne peut pas plus, disait-il, concevoir une horloge sans horloger que concevoir le monde sans un Dieu qui l’a fabriqué) il avait une fides quae; pourtant Dieu n'a pas joué un grand rôle dans sa vie, et la fides qua paraît plutôt défaillante, voire manquante chez lui. Par contre, la fides qua implique toujours la fides quae : croire en Dieu implique évidemment la croyance que Dieu existe.

La plupart des théologiens protestants soulignent que la fides qua peut se traduire dans des croyances différentes. Ainsi, ils jugent que les catholiques ont des doctrines et des croyances erronées, mais que l'on trouve chez eux d’authentiques chrétiens qui vivent fortement un lien existentiel avec Dieu. On ne critique pas chez eux la fides qua, mais la fides quae. À l’inverse, quelqu’un qui professerait la bonne doctrine, mais n’aurait pas un lien existentiel avec Dieu ne serait pas un authentique chrétien. D’après l’épître de Jacques, ch.2, v.19, les démons croient qu’il y a un seul Dieu, ils ne sont pas pour cela des fidèles. Dans cette perspective, un théologien protestant français du début du siècle, Eugène Ménégoz, a souligné que si la foi implique des croyances, on est sauvé indépendamment de ses croyances. Le protestantisme, à la différence du catholicisme classique, n’a jamais pensé qu’un hérétique, c'est à dire quelqu’un qui professe une doctrine fausse ou mauvaise, est de ce fait damné.

André Gounelle
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André Gounelle

Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier

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